Page 70 - Tome n°1 Imprimeur

Version HTML de base

Recueil n° 1 – 2012 64
Il y a aussi une autre opposition dans plusieurs de ses tableaux, à savoir celle du « beau » (du jeune) et du
« laid » (ou considéré comme tel). Après analyse, nous pourrions dire qu’il y a abolition de ces deux principes.
Ceci n’est peut-être pas dû à la seule retenue dont fait preuve l’artiste à exposer sa libido d’une façon que l’on
pourrait qualifier de « vulgaire ».
Mais aussi et surtout à une interrogation profonde qu’il adresse à notre société : qu’est-ce que le « beau » ?
Qu’est-ce que le « laid » ? Tous les personnages masculins exposés sont-ils « laids » ? Sont-ils simplement
« grotesques » ?
Force est de constater que si notre société s’est évertuée à créer, de tout temps, des canons (plus ou moins
farfelus) de la « beauté », aucun canon n’existe concernant la « laideur ». Par contre, toute une symbolique s’est
greffée sur cet aspect des choses, et ce, depuis l’Antiquité classique au cours de laquelle, les nouveau-nés,
considérés comme « laids » (parce que difformes), étaient purement et simplement éliminés pour la bonne
cohésion du groupe social. Au Moyen Âge, cette même « laideur » a servi de réceptacle à la notion du
« péché » : nombre de tableaux et de sculptures représentant le Malin portraituraient, en réalité des infirmes. Bien
plus tard, au 20
ème
siècle,
BERTOLT BRECHT
faisait de la « laideur » une forme théâtrale censée représenter
les dysfonctionnements sociaux de toutes sortes. Aujourd’hui, au 21
ème
siècle, l’on s’aperçoit qu’elle peut
carrément servir d’obstacle social.
MARC JALLARD laisse la question sur la « laideur » plus que jamais ouverte tout en l’adressant à l’intelligence et
à la sensibilité du visiteur.
L’HOMME CHAT
(65 x 55 cm)
dégage une atmosphère assez « surréaliste » dans l’attitude du personnage à ouvrir son univers. La page
blanche interpelle le visiteur dans ce qu’elle a d’indicible.
Une nette opposition se précise entre le noir du manteau et du masque, laissant apparaître un regard perçant,
opposé au blanc de la nappe et des pages du carnet. Le stylo noir posé sur la table à côté du carnet invite le
visiteur à s’exprimer en lui-même.